Résumé du titre
Man’yô, enfant du peuple des montagnes, est abandonnée dans le village de Benimidori et est recueillie par un couple d’ouvriers. Sa présence sera vue comme un signe par la matriarche du clan Akakuchiba qui dirige les aciéries de la ville et la fera épouser son fils. Les capacités de Man’yô deviendront indispensables à la survie de l’entreprise et à celle du clan familial.
Mon ressenti
Kazuki Sakuraba dans La légende des filles rouges nous emporte auprès de la famille Akakuchiba, et plus précisément sur trois générations de femmes de cette famille, tout en l’inscrivant dans l’évolution économique, sociale du Japon des années après guerre jusqu’à nos jours.
L’autrice décide de faire démarrer son histoire au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale avec Man’yô entre traditions ancestrales, croyances et essor économique de la sidérurgie japonaise.
Alors que les descriptions des vies des ouvriers nous font découvrir la sombre réalité de cet essor économique, Man’yô et ses pouvoirs nous entrainent du côté spirituel.
Par la description de certains personnages comme Tatsu, comparée au Dieu Ebisu, ou bien par des scènes comme celle du mariage et de la montée du palanquin, Kazuki Sakuraba intègre des scènes très visuelles et humoristiques.
La période représentée par Man’yô dépeint une époque où la croyance en la modernisation de l’économie met la population en mouvement dans un seul élan pour participer à l’essor de l’économie japonaise.
Malades de leur jeunesse, croyant attraper l’avenir, ils ne faisaient que nier leur présent…
Car sans aucun doute, il s’agissait tout bêtement du spleen adolescent de la nouvelle génération. Toyohisa et ses pareils avaient cru dans l’économie de l’après-guerre de ce pays et l’avaient soutenue, mais eux, pour leur part, brûlaient d’une noire colère contre la politique. Il y avait de quoi se demander s’ils n’étaient pas nés dans un tout autre pays, tellement leur façon de vivre leur jeunesse était différente.
L’arrivée de Kemari, la fille de Man’yô, correspond à la lente disparition de la spiritualité, de certaines croyances avec en même temps une économie désormais installée mais au cours de cette période c’est la nouvelle génération qui se rebelle et refuse de rentrer dans le rang avec la création de gang de loubards dont l’iconographie et la mythologie restent encore présentes de nos jours.
Si Kemari, incarne la jeunesse rebelle et révoltée, elle finit pourtant par se plier aux règles et rentrer dans le rang pour protéger sa famille. Nous découvrons aussi un nouvel milieu celui du manga et surtout l’envers du décor avec le stress et la pression exercés par les éditeurs sur les auteurs.
Si Kemari est une jeune femme rebelle elle reste une cheffe de gang qui assume son rôle lorsque des actes répréhensibles sont commis par des membres ou d’anciens membres.
A la génération de Kemari se succède une nouvelle génération celle de Toko, la fille de Kemari, une génération désabusée. Après avoir vu l’essor de la croissance économique, un plateau, c’est désormais l’explosion de la bulle économique que nous découvrons où le Japon est désormais en perte de vitesse dans certains secteurs et où trouver un travail devient difficile.
Toko est donc une jeune fille qui peine à s’intégrer au monde car elle ne parvient pas à savoir qui elle est, ce qu’elle souhaite. Elle représente une réalité de ces années là. Mais la dernière énigme laissée par la mort de Man’yô, sa grand-mère, va lui donner un but et qu’elle cherchera à résoudre par amour pour sa grand-mère.
Avec La légende des filles rouges, Kazuki Sakuraba retrace l’histoire du Japon contemporain dans ses aspects culturels, économiques et sociaux. Elle révèle les malaises de cette société cloisonnée par certains principes et codes moraux et son incapacité d’évoluer face aux demandes des nouvelles générations.
Passionnée par le Japon, par sa culture, c’est une lecture que j’ai beaucoup aimé. Voir l’évolution du Japon à travers des personnages originaux, attachants et représentant différentes générations.
Petit bémol mais ne concernant pas ma lecture mais le titre qui a été modifié entre sa version grand format passant de La légende des Akakuchiba à La légende des filles rouges.
« Le temps devrait juste s’arrêter. » […] Mais la jeunesse est belle justement parce qu’elle passe.
Je cherche toujours de nouveaux titres de littérature japonaise, grâce à toi, j’en ajoute un à ma liste 😀
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J’en suis ravie !!
Ça me fait plaisir qu’il te donne envie !
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