Roman historique

Le traducteur des lettres d’amour – Lynne Kutsukake

Résumé du titre

Après sa capitulation en 1945, le Japon devient un pays sous occupation américaine avec à sa tête le Général Mac Arthur. Une rumeur court que ce dernier résout les problèmes présents dans les lettres qui lui sont adressées.
Alors que Fumi cherche à retrouver sa grande sœur disparue, elle voit en la présence d’Aya, une jeune rapatriée canadienne d’origine japonaise, le moyen d’interpeller Mac Arthur par le biais d’une lettre pour la retrouver.

Mon ressenti

Dans Le traducteur des lettres d’amour, Lynne Kutsukake nous dévoile le quotidien des japonais dans un pays dévasté par la guerre et sous occupation américaine et celui des émigrés japonais ayant vécus aux Etats-Unis et au Canada mais devant revenir au Japon.
Lynne Kutsukake fait le choix de donner la voix à plusieurs personnages avec des vécus différents nous permettant d’avoir plusieurs points de vue et une vision plus complète de cette période.

Un accord tacite existait entre eux, selon lequel il était devenu tabou de parler de sa mère. Le sujet les mettait mal à l’aise tous les deux. Au lieu de les rapprocher, sa mort les avait éloignés davantage encore, comme si l’absence de sa mère était un épais rempart qui s’interposait entre eux deux. Elle avait découvert que l’absence n’était ni le vide, ni le néant. C’était, au contraire, une omniprésence incessante.

Ainsi, nous rencontrons les personnages d’Aya Shimamura et de Matt Matsumoto venant tout deux du Canada et des Etats-Unis. Au fil des pages et à travers leurs passés, nous découvrons les déportations loin de la côte ouest pour aller au cœur des montagnes où les japonais sont mis au travail forcé, avec des conditions de vie extrêmement dures ; l’engagement de jeunes, issus de la deuxième génération d’immigrés japonais, dans l’armée et partis combattre au front du côté américain ou canadien pour prouver leurs loyautés.
Alors que l’on aurait pu croire que la fin du conflit permettrait un retour à la normale pour ces populations, un choix leur a été proposé : rester dans ses montagnes au milieu de nul part ou retourner dans un Japon en ruine où bien souvent ils n’avaient plus ou pas d’attaches.
J’ai trouvé les personnages d’Aya et de Matt attachants avec ce rejet de leurs pays de naissance mais aussi de leur pays d’accueil qui est cependant vécu de manière différente entre Aya et Matt.

Il était convaincu que mieux valait savoir qu’être dans l’ignorance, que la vérité, si laide ou douloureuse fut-elle, était un soulagement. Ne pas savoir laissait un trou béant, un espace que l’on cherchait sans cesse à combler.

L’arrivée d’Aya dans un pays dont elle ne connaît pas ou très peu la langue et la culture laisse apparaître une vulnérabilité chez elle envers les autres enfants japonais et provoquera la rencontre avec Fumi, autre personnage principal.
Bien que cette dernière soit le personnage central, son histoire est moins intéressante que celle d’Aya et m’a beaucoup moins touchée à cause de son caractère et ses manières qui la font apparaître comme quelqu’un d’intéressé et non compatissant ou amical même si le lien qui l’unît à sa sœur est attendrissant. Cependant, par le biais de Fumi nous découvrons le rationnement, la faim qui reste omniprésente dans l’esprit des jeunes enfants ou adolescents pouvant entraîner des comportement à risque ou des actions imprudentes notamment de la part des jeunes filles comme Sumiko, la grande sœur de Fumi.
Le personnage de Sumiko, nous fait connaître l’existence des dancings où des jeunes filles ou jeunes femmes acceptent des danses voire plus auprès des GI présents sur le sol japonais afin d’obtenir de la nourriture ou d’autres produits de première nécessité ou autres produits impossible à obtenir avec le rationnement.

Mais en commençant à travailler, il avait compris que les mots n’étaient pas seulement des lettres ou des symboles sur la page. Chacun renfermait une émotion. Il y avait les émotions qu’éprouvaient l’écrivain et le lecteur, mais aussi les siennes, celles du traducteur pris entre les deux, qui liait des secrets entre amants ou d’obscurs aveux.

Le traducteur des lettres d’amour est un roman historique très bien documenté où nous découvrons tout un pan méconnu de l’histoire de l’après-guerre au Japon et différents aspects de la vie quotidienne des japonais comme le rationnement, les abandons d’enfants mixtes nés de relation entre japonaises et soldats américains, et enfin les lettres envoyées à Mac Arthur alors responsable de l’occupation américaine.
Malgré ses aspects historiques intéressants je n’ai pas du tout réussi à accrocher à l’histoire notamment dû au personnage de Fumi qui m’a fortement agacé alors que j’aurais préféré que l’autrice se concentre sur Aya.
Enfin, je n’ai pas compris le choix du titre se focalisant sur un traducteur de lettres d’amour qui induit en erreur puisque ce personnage est assez secondaire.

Lecture assez mitigée pour ce roman qui décrit parfaitement bien une période mais où il a manqué un petit quelque chose au niveau des personnages et de l’histoire pour me toucher véritablement.

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